Un an après l’annonce de la mise en place d’un plan sécheresse par Nicolas HULOT et Sté-phane TRAVERS, et alors que les restrictions à l’irrigation s’étendent en France, l’UFC-Que Choisir constate avec regret que ces engagements sont restés lettre morte et déplore la succession d’occasions ratées par le Gouvernement pour rendre l’agriculture française plus durable et plus économe en eau. Soucieuse de préparer notre agriculture à l’évolution inéluc-table de notre climat, l’Association demande, une fois encore,  une réforme de fond de la politi-que de l’eau en France.

Il y a un an, au plus fort de la sécheresse mémorable de l’été dernier, Nicolas HULOT et Stéphane TRAVERS annonçaient en Conseil des Ministres, un plan sécheresse pour «résorber durablement les situations de tension hydrique» et demandaient à l’agriculture française de contribuer à l’effort commun, notamment en choisissant des variétés et des pratiques culturales plus économes en eau. Sur la question cruciale du partage des ressources limitées en eau, les Ministres promettaient une concertation plus équilibrée entre les différents utilisateurs, notam-ment dans le cadre des agences de l’eau. Mais depuis, le plan sécheresse et la concertation semblent s’être purement et simplement évaporés en raison de trop nombreux rendez-vous manqués :

  • La carte des restrictions calquée sur celle de l’irrigation : le changement climatique s’intensifie et avec lui les inévitables conflits sur le partage des ressources en eau. Des restrictions à l’irrigation ont déjà été arrêtées dans pas moins de 43 départements et des interdictions totales dans 16 départements. Au fur et à mesure que la sécheresse pro-gresse sur la France, la carte de ces restrictions se confond avec celle de l’irrigation en France : Sud-Ouest, façade atlantique, bassin parisien, confirmant ainsi la responsabilité dans ces conflits d’usage de l’eau, des cultures les plus intensives, telles que le maïs, qui accaparent en été 80 % de la consommation nette d’eau.
Zones irriguées 07082018
  • Une loi agriculture et alimentation au régime sec : à rebours des espoirs générés par les annonces présidentielles il y a un an, lors du lancement des Etats Généraux de l’Alimentation, la loi agriculture et alimentation, hormis quelques mesures cosmétiques, est dénuée de toute avancée environnementale réelle, plus particulièrement sur le thème de l’eau.
  • Les plans de filières font l’impasse sur l’eau : en octobre dernier, dans son discours de Rungis, Emmanuel Macron demandait aux filières agricoles, en échange d’une revalo-risation de leurs revenus, d’élaborer des plans en phase avec les attentes sociétales. Mais là encore, les plans de filières ne contiennent aucune mesure significative qui permettrait de rendre les productions agricoles plus économes en eau.
  • La gestion locale de l’eau entre les mains du lobby agricole : alors que la compo-sition antidémocratique des comités de bassin des agences de l’eau, dominés numéri-quement par le lobby agricole et ses partisans, a imposé le scandaleux principe ‘pollué-payeur’, le rééquilibrage de ces instances a disparu du calendrier. Pire, une ‘’mission interministérielle relative au réseau des agences de l’eau’’ a mené en début d’année une parodie de concertation dans le seul but d’avaliser le creusement de coûteuses retenues d’eau, payées majoritairement par les consommateurs, au bénéfice d’une poignée d’agri-culteurs pratiquant une agriculture aussi intensive que gourmande en eau.
  • La dilution des assises de l’eau : fin 2017, Emmanuel MACRON et Nicolas HULOT avaient annoncé le lancement des assises de l’eau afin de formuler des solutions concrè-tes aux impasses actuelles en matière de gestion locale de l’eau. Mais l’absence de calen-drier et d’agenda précis pour la deuxième phase consacrée à la préservation de la res-source, augurent bien mal de la volonté de réforme du Gouvernement.

Compte tenu de la répétition d’épisodes climatiques extrêmes, l’UFC-Que Choisir refuse que la politique agricole de l’eau continue à encourager des choix culturaux aberrants qui gaspillent nos ressources en eau. Afin d’adapter l’agriculture à l’évolution inéluctable de notre climat, l’Association exige :

–  L’application du principe pollueur-préleveur-payeur dans le financement des agences de l’eau,

– Une réorientation des subventions agricoles au profit des modes de production économes en eau et respectueux de l’environnement,

– Un pilotage national de la politique agricole de l’eau, afin de mettre celle-ci hors d’atteinte des lobbys agricoles régionaux et de la mettre en conformité avec les principes de bonne gestion de la ressource aquatique.

07/08/2018

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