Kurdistan : condamnations honteuses dans le procès de Kobané

En 2014, alors que la ville de Kobané au nord-est de la Syrie était assiégée par Daesh, le HDP avait appelé à des manifestations pacifiques de solidarité en défense de la ville. Ces manifestations avaient été attaquées par l’extrême droite nationaliste donnant lieu au saccage et à l’incendie de nombreux locaux du HDP (qui avaient fait 46 mort.es civils). Poursuivies pour « pour meurtre, incitation à l’insurrection et atteinte à l’intégrité et l’indivisibilité du pays », de nombreuses personnalités et éluEs du HDP ont été condamnéEs par un tribunal aux ordres près de 10 ans plus tard, jeudi 16 mai, à des peines extrêmement lourdes.

Selahettin Demirtas, l’ex-coprésident du HDP, déjà emprisonné depuis 2016, a été condamné à 20 ans de prison pour « aide à la perturbation de l’unité et de l’intégrité de l’État » et à 4 ans et 6 mois de prison pour « incitation à commettre une infraction ». Il a été condamné en outre à 2 ans et 6 mois pour son discours lors du Newroz le 21 mars 2016 et à 1 an et 6 mois pour « incitation à désobéir à la loi » lors de son discours à Diyarbakir le 29 février 2016. Soit un total de 42 ans et demi de prison ! Figen Yüksekdağ a été condamnée à 19 ans d’emprisonnement sans remise de peine. L’ancienne co-présidente du HDP est maintenue en détention. Elle a été condamnée en outre à 4 ans et 6 mois pour « incitation » et à 1 an et 6 mois pour « propagande en faveur d’une organisation illégale ». Avec le cumul des peines prononcées dans différents procès, Mme Yüksekdag est condamnée à un total de 32 ans et 9 mois de prison. Ahmet Türk, personnalité très connue et co-maire de la métropole de Mardin (qui vient d’être élu en mars à une très large majorité) a été condamné à 10 ans de prison pour « appartenance à une organisation illégale ». Pour Nazmi Gür, ancien député du HDP, la peine d’emprisonnement à perpétuité aggravée a été réduite à 18 ans d’emprisonnement. Il a été condamné à 4 ans et 6 mois de prison pour « incitation à commettre une infraction ».

Ce ne sont que quelques exemples de la répression féroce exercée par le régime de l’AKP, le parti islamiste d’Erdogan et du MHP, parti d’extrême droite, les fameux « Loups Gris ». Pendant ce temps, que fait le gouvernement français ? Le parquet anti-terroriste ordonne des perquisitions et des arrestations de militants kurdes réfugiés en France, ordonne à la police belge de perquisitionner les locaux des télévisions kurdes à Denderleeuw près de Bruxelles. La police en profitera pour saccager les locaux et couper la possibilité d’émettre. Le gouvernement français expulse des militants kurdes vers la Turquie sachant parfaitement qu’ils seront emprisonnés et torturés à leur arrivée. Cette collaboration active avec un régime dictatorial qui emprisonne journalistes, écrivainEs, éluEs et militantEs politiques pour des décennies pour des délits d’opinion doit cesser tout de suite !

Stop à la complicité française ! Sanctions contre la Turquie !

Retrait immédiat du PKK de la liste des organisations terroristes !

Non aux arrestations et expulsions de militantEs kurdes en France et en Europe !

Solidarité avec le DEM (le nouveau nom du HDP menacé d’interdiction) !

Montreuil, le samedi 18 mai 2024