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Le 14 mai dernier, le gouvernement français lançait une nouvelle offensive contre le peuple kanak. Après des mois de mobilisations pacifiques, le vote du dégel du corps électoral constitue une nouvelle provocation et confirme la recolonisation du territoire amorcée depuis 2021. Face à la révolte, comme par le passé, l’État français pratique une politique de répression féroce.

Darmanin a taxé les militantEs indépendantistes de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), de « voyous », de « mafieux »« non politiques »… C’est un procédé rodé des États impérialistes de criminaliser et disqualifier les coloniséEs. Mais la mobilisation en Kanaky est populaire. Des grèves dans plusieurs secteurs et des opérations de barrages filtrants ont paralysé le pays. Le mouvement est particulièrement fort dans la jeunesse qui se mobilise depuis plusieurs semaines contre cette nouvelle dépossession coloniale, mais aussi contre les discriminations racistes et sociales quotidiennes.

Trente ans après les accords de Nouméa, les inégalités sont abyssales. À compétences égales, ce sont les métropolitainEs qui occupent les emplois au détriment des travailleurEs kanak. Véritable racisme systématique, cette hiérarchisation sociale est totalement revendiquée par les loyalistes qui veulent maintenir cet ordre colonial. Cette « Légalité coloniale, cet “Ordre républicain”, permet toutes les injustices », écrivait le leader indépendantiste kanak Éloi Machoro assassiné en 1985 par le GIGN.

Une répression coloniale tous azimuts

L’ONU a classé la Kanaky dans la liste des territoires à décoloniser, mais pour l’État français, renoncer à sa colonie, c’est renoncer à 30 % des ressources mondiales de nickel, aux ressources maritimes et à la position géostratégique du territoire pour assurer ses opérations militaires. L’État français opprime et réprime le peuple kanak depuis plus de 170 ans, tentant de le rendre minoritaire en le diluant toujours davantage dans un corps électoral élargi.

Ce n’est pas un hasard si les députéEs qui se sont exprimés en faveur du projet gouvernemental sont tous issus des partis défendant l’ordre établi. Comme pour la loi Asile et immigration en décembre, ce sont les mêmes alliances qui contribuent à faire de l’Assemblée une chambre d’enregistrement de la volonté autoritaire, raciste et coloniale. Le RN a voté pour, ne discutant que le calendrier… pour éviter de perturber les Jeux ! Toujours et encore l’ordre.

Et quand les manipulations démocratiques ne passent pas, c’est le choix d’une répression féroce qui préside. Couvre-feu, état d’urgence, répression dans le sang, vagues d’arrestations… C’est le vrai visage de l’État colonial qui a déployé un important dispositif de gendarmes, de CRS, du GIGN, du RAID relayé sur place par les milices loyalistes caldoches. L’histoire de la colonisation française en Kanaky est jalonnée de massacres. Les accords de Matignon en 1988, consolidés par ceux de Nouméa en 1998, censés assurer le droit à l’autodétermination du peuple kanak, sont piétinés par Macron. L’État colonial français ne sera jamais l’allié des Kanak.

Le combat des Kanak est celui de toutEs les oppriméEs

Face à cette nouvelle provocation du gouvernement français, il faut démonter le discours colonial qui, à longueur de médias, décrédibilise et délégitime la révolte des Kanak. Des mobilisations à l’initiative du Collectif Solidarité Kanaky, dont nous sommes partie prenante, sont organisées un peu partout. L’ensemble du mouvement ouvrier et de la jeunesse doit se solidariser avec le peuple kanak pour peser sur notre propre impérialisme et arracher les droits ­démocratiques légitimes. 

Nous exigeons le retrait du projet de loi sur le dégel du corps électoral, la libération des prisonniers politiques, l’abandon des poursuites pour les inculpéEs, mais aussi le respect du droit à l’autodétermination du peuple kanak avec l’ouverture de discussions pour un processus de décolonisation. Des Kurdes aux PalestinienNEs, la lutte des Kanak est celle de tous les peuples opprimés dans le monde.